On nous martèle donc qu’il faudrait se changer soi pour changer le climat qui s’emballe. Alors certes, les gestes individuels écologiques peuvent incarner d’importants leviers (je pense notamment à la diminution de la consommation de viande), nourrir un rapport sensible à la fragilité de notre planète, mais ils reflètent surtout le triomphe de la logique libérale : l’individualisation de la responsabilité.
Au même titre que le racisme ou le sexisme ne sont pas le fruit de relations interindividuelles, mais le produit de rapports de domination, de constructions historiques, le changement climatique n’est en rien la conséquence d’une somme de responsabilités individuelles.
Je pense donc que cette politique des « petits pas », cette écologie sans ennemi, si elle a pu servir de porte d’entrée à la question climatique pour certains, a aussi invisibilisé les véritables moteurs de l’embrasement du climat. Ces moteurs, ce sont notamment les trois multinationales les plus émettrices au monde que j’ai étudiées dans mon livre.
3604 shaares